top of page
Rechercher
Photo du rédacteurAnastasia Lery

« ça ne lui fera pas de mal » Ah bon?

Bonjour à tous!


Il y a un sujet que j’aimerais aborder avec vous aujourd’hui. Un sujet qui me tient à coeur parce que j’ai eu l’occasion d’en échanger de multiples fois avec des parents.


En effet, lorsque des parents sont poussés à bout par le comportement de leur enfant, les réponses primaires apportées sont la fessée, la punition ou le chantage.

Effectivement, quand on s’occupe d’enfants, en tant que parents ou professionnels, parfois la moutarde monte très vite au nez. On a le coeur qui s’emballe, on sent une vague de chaleur et une envie irrépressible de réagir quand on les voit faire quelque chose de dangereux pour la 20e fois, qu’ils ont décidé de ne rien écouter, ou qu’ils s’opposent pendant une heure.


Je vous ai précédemment expliqué que le comportement de l’enfant résulte de ses apprentissages, de sa soif d’apprendre, de tester (vous, l’environnement, les relations sociales)…


Cependant en tant qu’adultes, nous sommes nous même le fruit de toute une éducation (à la maison, à l’école, avec le cercle familial plus large, avec les amis…) et cette éducation nous pose un filtre, des croyances et valeurs. C’est à ce stade qu’intervient le « j’ai eu des fessées et je n’en suis pas mort » « une fessée ou une claque ça fortifie » « au moins il arrête de pleurer » « maintenant il comprends ».




Bon, décryptons ensemble :


  • Premièrement, je me questionne quant à la place de la violence dans la vie des gens qui m’expriment ces points de vue. Si la violence fortifie, pourquoi on n’attache pas les enfants sur une table d’écartèlement pour qu’ils aient un corps plus fort? (Oui je vais aux extrêmes, mais pour vous en montrer l’absurdité). Par ailleurs le lien entre violence physique et force mentale a été démoli avec les neurosciences. En effet, un geste violent crée un stress tel qu’il détruit les neurones de l’enfant sur le plan biologique (en plus de bleus, rougeurs etc…)

Si dans l’évolution de l’espèce humaine il était nécessaire de montrer les limites ou les codes sociaux par la violence, vous ne croyez pas qu’on se tabasserai à longueur de temps en tant qu’adultes? Un désaccord sur la couleur du papier peint à choisir? Une claque à votre mari! Absurde, non?


Pour aller plus loin dans l’absurdité, si quelqu’un embouti votre voiture, est ce que vous lui casseriez les deux jambes avec une barre de fer? Non. Donc pourquoi mordre un enfant qui vous a mordu? pourquoi lever la main sur un enfant qui a failli vous faire tomber en courant dans vos jambes?


La réaction violente d’un adulte est d’une part le fruit d’une éducation basée sur la violence elle -même (finalement, regardez le schéma des guerres, pour punir on est dans la répression et la violence) et ensuite le fruit de réactions chimiques dans votre cerveau. Face à une agression, un sentiment négatif, un énervement, c’est notre cerveau reptilien qui réagit, avec deux possibilités : la fuite ou l’attaque.

Mais en tant qu’adultes, nous avons la possibilité de contrôler nos comportements face à un jeune enfant d’une, et d’autre part si nous avions été nous-mêmes éduqués avec bienveillance, nous ne prendrions pas comme agression un comportement d’enfant que nous ne savons pas décrypter.


Petite astuce : si un enfant sourit ou rit quand vous lui exprimez que vous n’êtes pas d’accord avec ce qu’il a dit ou fait, il ne se moque pas de vous! C’est son cerveau qui ne sait pas comment réagir, sa première réaction est le sourire puisque c’est le premier signe de communication dont il a appris qu’il fait réagir l’adulte.


  • Ensuite, lorsqu’on me dit « maintenant il comprends », « il arrête de pleurer », il me vient à l’esprit deux choses. Non, l’enfant ne peut pas comprendre en quoi il a fait une erreur, un geste ne remplace pas une explication concrète, « tu ne peux pas mettre les doigts dans la prise, parce qu’il y a de l’électricité, que c’est dangereux, ça fait très très mal et il faudrait demander au docteur de te soigner. C’est pour ça que maman/ papa avaient mis un cache prise, pour te protéger ».

Et oui, l’enfant arrête de pleurer. Non pas parce qu’il a compris, seulement parce qu’il est dans un état de « sidération ». En gros, son cerveau se met sur pause. Et même si il retourne jouer et semble indifférent, c’est juste parce que son cerveau va décanter l’action, l’analyser petit à petit.

L’état de sidération est le même que quand un adulte est agressé (on a tous entendu l’histoire de quelqu’un qui s’est fait braquer son portefeuille sans rien dire, ou agresser dans la rue sans pouvoir parler). L’humain est cloué sur place dans ce genre de situations, comme si le cerveau avait un but. C’est comme un lapin qui se fige dans les phares d’une voiture.

Je vous propose un schéma trouvé sur le site : apprendreaeduquer.fr qui illustre bien mon propos (et je les remercie pour leur super article!)




Maintenant que nous avons décrypté tout ça, je vous pose une autre piste de réflexion. Nous avons vu que la violence engendre la violence et rien d’autre.

Du coup, comment ça se passe dans un groupe d’enfants? Par expérience, les enfants testent la violence dans leur groupe social (morsure, tirage de cheveux, claques…) et cela fatigue les parents, les professionnels, qui jouent au gendarme à longueur de temps.

Parfois, dans ce groupe d’enfants, la majorité n’ont jamais eu de claques, de fessées, on reçu une éducation positive (qui tend à se démocratiser heureusement), mais il y a quand même des gestes violents.

En réalité, il suffit d’un ou deux enfants qui ont reçu une fessée, une claque, pour qu’eux-même le reproduisent, et que les autres enfants du groupes l’expérimentent pour le comprendre.


Vous voyez le cercle vicieux?


D’autant plus qu’un enfant qui a reçu des fessées de la part d’adultes, (donc de quelqu’un de « fort » sur quelqu’un de « faible ») va comprendre qu’il peut décharger ses émotions négatives et produire des gestes violents sur des enfants plus jeunes, avec moins de défense et qui pour lui ne sont pas son égal.


La boucle est bouclée.


La loi « n° 2019-721 du 10 juillet 2019 relative à l'interdiction des violences éducatives ordinaires (1) » expose dans l’article 1 « Après le deuxième alinéa de l'article 371-1 du code civil, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : « L'autorité parentale s'exerce sans violences physiques ou psychologiques. » ».


De fait, l’état protège les enfants, parce que c’est la bienveillance qui leur permet de grandir.


Que faire si vous sentez que votre main vous chatouille, que vous êtes à bout?

Prenez une grande respiration, soufflez, fort. Essayez de passer au dessus du geste et partez directement dans la pose de limite, l’explication de la situation, votre inquiétude ou votre stress face à la situation, verbalisez ce que vous pensez que l’enfant ressent, et essayer de comprendre avec lui la situation.

Ensuite, une fois que tout est calmé, prenez quelques minutes pour vous, n’oubliez pas que c’est un évènement stressant pour vous et votre cerveau. Si l’enfant est en sécurité, partez vous isoler aux toilettes, prenez un café, sortez quelques minutes en passant le relais à l’autre parent, à un grand-parent, un ami, à la crèche etc…


Rassurez-vous, tout le monde a connu ce genre de situations. En travaillant auprès d’enfants, nous sommes constamment exposés à ce risque et nous travaillons à chaque seconde à poser des limites avec bienveillance, sans violence. Nous accueillons 20, 25 enfants, qui parfois font des choses dangereuses, ont des réactions ou comportements que nous ne comprenons pas.


Nous, professionnels de la petite enfance avons appris et apprenons toujours à switcher notre cerveau sur le mode bienveillant (c’est un APPRENTISSAGE) et nous passons le relais à nos collègues quand nous n’en pouvons plus.


Donc, c’est dur, mais c’est possible. Vous faites du mieux que vous pouvez, être parent n’est pas facile, c’est un travail quotidien et harassant.


Vous n’en ferez pas un enfant roi, ce n’est pas parce qu’il y a une éducation positive que toutes les demandes de l’enfant doivent être satisfaites!


Pour aller plus loin et aborder votre parentalité avec sérénité, je vous propose de consulter le site internet stopveo.org et si vous voulez un accompagnement concret, personnalisé, pour aller vers une éducation bienveillante, contactez moi.


Par ailleurs, pendant un accompagnement, il vous est possible de me contacter en cas de « crise » afin que je vous apporte mon aide et mon soutien.


Bonne journée!

30 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


Post: Blog2_Post
bottom of page