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Photo du rédacteurAnastasia Lery

Votre enfant est un petit nuage

Aujourd’hui je souhaite vous parler d’un aspect du développement de l’enfant, en utilisant un terme très employé dans les milieux de l’enfance et de la petite enfance ; la contenance.

La contenance, qu’est-ce que c’est ? Quand on parle de la contenance d’une boîte, d’un carton, on sous-entend « un volume ». Quand on parle d’un contenant, on visualise aisément une boîte, un Tupperware….


Et si je vous disais que vous vivez dans un environnement contenant d’une façon ou d’une autre et que vous avez besoin de cette contenance ?

« Quelle idée ! » me direz-vous, « Je ne vis pas dans une boîte ! ». Eh bien psychiquement, si. Comme beaucoup de mammifères, nous sommes soumis à des codes, des règles qui jouent une fonction contenante psychiquement.

Comment ? Pourquoi ?


La première contenance que nous avons en tant qu’adultes est donnée par les lois. C’est un ensemble de règle qui régit ce que nous avons le droit de faire et ce qui nous est interdit. Imaginez ce qui se passerait si nous n’avions pas ces lois. Déjà, ce serait l’anarchie, dans le sens où si chacun faisait ce qui lui chante, cela peut entraver les libertés d’autres personnes autour de soi.

Alors il y a des lois qui sont limitantes pour nous-mêmes, je l’entends. Si vous avez très envie de rouler avec votre nouvelle voiture à 200 km/h et que vous ne pouvez pas le faire à cause de la loi, c’est frustrant, mais utile pour votre sécurité et celle des autres.

Ensuite, nous retrouvons une contenance dans tout un ensemble de codes moraux et sociaux, propres à la société dans laquelle nous vivons. Si vous avez eu l’occasion de voyager dans d’autres pays, avec d’autres cultures, des codes sociaux et moraux différents des vôtres ont pu vous déstabiliser.

Et enfin, nous sommes soumis à des règles dans le monde du sport, du travail, des loisirs… À des règlements intérieurs, qui vous donnent tout un ensemble de démarches à suivre (par exemple se laver avant de se baigner à la piscine) ou de codes de conduite à respecter (être bienveillant et respectueux envers son partenaire de danse, de boxe, de tennis etc.)

Concernant les enfants, le schéma est un peu différent. Quand un enfant vient au monde, il n’a pour ainsi dire que les repères qui lui sont donnés par son propre corps (sensation de faim, de froid, de fatigue, sensation des vêtements sur la peau…) et il est un peu perdu au milieu de toutes ces informations, d’autant plus qu’il doit apprendre à appréhender le monde extérieur ! Et quand je dis extérieur, c’est extérieur à l’utérus de sa maman.

L’enfant est contenu in utero. Il a une sensation de contenance par l’utérus, le placenta… Il a évolué pendant toute la grossesse dans un environnement à 37 C° qui épouse les formes de son corps, qui le touche en permanence.



Quand un enfant naît, il n’a plus ce repère, qui est pourtant le premier, celui que nous avons tous eu. C’est ici un élément très important. Un enfant est pour ainsi dire une page presque vierge, hormis ce qu’il a vécu pendant la grossesse.

C’est ce vécu qui va le rassurer et qui va nous rassurer toute notre vie !

En tant qu’adultes, n’êtes-vous pas rassuré, dans un état de bien être quand vous vous roulez en boule dans une couverture bien moelleuse ? Ne prend on pas du plaisir à rester sous sa couette quand il fait froid dehors? (Ok, avant d’avoir des enfants, après c’est de l’ordre de l’exploit).


Sauf qu’un enfant grandit et il a toujours besoin de repères. Quel est le lien ?

N’avez-vous pas remarqué que les enfants ont tendance à s’éparpiller ? Et que quand on les aide à « se rassembler » ils sont plus rassurés ?

À l’instar d’un bébé qui pleure, agite les bras et les jambes et que l’on ramène en position fœtale contre soi, il montre des signes d’apaisement.

J’appelle les enfants des petits nuages, car comme eux ils s’éparpillent mais continuent d’avancer dans le ciel.



Et la contenance que l’adulte peut lui apporter, que ce soit physique ou psychique, je la compare à une boîte, totalement transparente. Cette boîte laisse passer la lumière et permet à l’enfant d’observer ce qui se passe en étant contenu et rassuré.

Sans cette contenance, quelle qu’elle soit, notre petit nuage va s’éparpiller de plus en plus et ne saura plus dans quelle direction il doit évoluer. Imaginez un nuage qui s’étend, s’étend…. Le ciel reste-t-il bleu ?

C’est un peu ce qui se passe quand vous allez dans un nouvel endroit avec votre enfant et qu’il se cache derrière vos jambes, tout en gardant un œil sur ce qui se passe devant lui! Il observe, il jauge l’environnement et votre comportement et quand il est rassuré il se lance à l’assaut de cet environnement!

Ainsi, la « contenance psychique » est importante de la naissance jusqu’à l’âge adulte. Elle consiste en une présence du parent qui sert de point de repère (votre enfant joue au parc avec ses copains et vous regarde régulièrement ? Il s’assure que son repère – vous – est bien là). Plus tard, quand votre enfant ira chez une assistante maternelle ou à la crèche, chez ses grands-parents, ce sont les adultes qui vont l’accueillir qui serviront de point de repère et qui auront cette fonction contenante.

Oui, quand vous nous voyez assis au sol à la crèche, nous ne faisons pas « rien », nous sommes un repère (qu’un grand monsieur, Boris Cyrulnik, a appelé un « phare ») et nous apportons par notre présence une contenance psychique aux enfants. Ils savent que nous avons un regard sur tout ce qui se passe tout en restant disponible à leur demande. Nous sommes leur « boîte transparente ».



La contenance psychique c’est aussi quand votre enfant vous teste et re-teste, quand il vous fait « tourner en bourrique », quand il vient 10 fois vers vous pour savoir ce que vous faites, quand il vous regarde droit dans les yeux avant d’expérimenter quelque chose avec lequel vous n’êtes pas d’accord (vous savez, quand il vous regarde dans les yeux tout en essayant de toucher la porte du four qui est ultra chaude). Ces évènements-là, que vous appellerez des « bêtises » sont une expérimentation de votre capacité à contenir psychiquement votre enfant. Au quotidien, il teste votre capacité à être son repère. Et comme vous êtes sont parent, c’est sur vous que ça tombe ! Votre enfant va tester jusqu’à ce qu’il soit sûr de votre capacité à le contenir, et ce sur une bonne centaine de points par jour… Je vous rassure, ils le font beaucoup avec les autres adultes qui les accueillent aussi.




Mais en fait, les enfants recherchent inconsciemment cet état de contenance intra-utérine constamment, ils le font juste sur différents aspects !

Vous allez penser que je vais loin dans ma pensée, mais nous le faisons aussi en tant qu’adultes (qui n’a jamais titillé la patience de son partenaire de vie inconsciemment…) et surtout, les enfants ont aussi ce besoin de contenance au niveau physique !

Parlons des câlins. Qu’un enfant en demande beaucoup ou peu, viendra toujours le moment où ils auront besoin d’un câlin, qui rappelle encore inconsciemment l’état intra-utérin.

Et en tant qu’adultes, nous savons à quel point cela fait du bien, un gros câlin !

Cela procure à n’importe quel être humain qui ne rencontre pas de difficulté particulière ( handicap ou violences) un shoot d’hormones du bien être ! Hormones qui ont été données en premier lieu… Dans le ventre de notre mère !

Et le premier geste que l’humain a quand un semblable se fait mal ou pleure ? Un câlin ! À plus forte raison avec un enfant. D’autres mammifères ont ce réflexe (les primates par exemple).

Ce câlin apporte physiquement un toucher légèrement appuyé qui rassure. Cela vous rappelle quelque chose ? L’utérus ! Les contractions massent le bébé d’ailleurs (hors gros problème pendant la grossesse).

Quand votre enfant a eu peur par exemple et que vous lui faites un gros câlin en mettant en mots la situation, il se calme et s’apaise.


Le but est là.




En comprenant qu’un enfant est un petit nuage qui a besoin d’être dans sa petite boîte transparente, vous comprendrez que certes, il a besoin de vous, et que cet état lui permet de mieux apprendre la vie!

Parce que finalement, tout apprentissage est source d’excitation et de stress. Mais l’enfant est, à l’origine, incapable de gérer l’un ou l’autre.. Le cerveau d’un enfant sait vers quoi il va expérimenter, mais il a du mal à gérer l’après. Par exemple, vous passez la journée au parc d’attraction, votre enfant est super content! Sauf qu’en rentrant à la maison, l’excitation est à son comble et il court dans tous les sens, c’est très compliqué. Le cerveau ne gère pas l’état d’excitation et de fatigue et probablement le stress accumulé dans la journée (beaucoup de monde, nouvelles expériences…). Il a besoin de vous pour retrouver un état de calme et de bien-être.

C’est fatiguant, je ne pourrais pas vous dire le contraire. Au quotidien, c’est très prenant. Mais votre enfant se construit comme ça. Avec votre regard, votre voix, vos câlins, votre éducation.

Pour aller plus loin, votre contenance c’est aussi les règles et la moralité que vous lui enseignez; la politesse, se laver les mains avant d’aller à table…

Vous êtes le parent d’un petit nuage, et comme dans le ciel tous les nuages sont différents. Parfois ils sont très étendus et ont besoin d’une grande boîte transparente, parfois ils sont plus petits et ont besoin d’une petite boîte.

Le fait de savoir cela vous permet de prendre du recul et probablement de vous faire confiance. En effet l’humain est biologiquement programmé pour répondre à cette demande de contenance de l’enfant (s’il n’y a pas de difficultés psychiques chez l’adulte).

Lorsque vous entendez votre bébé pleurer et que votre première réaction est d'aller le voir, votre cerveau se met sur le canal de la contenance.

Vous voyez où je veux en venir ?

Faites-vous confiance ! Faites confiance en vos réflexes de parent. Même si on vous a répété « Laisse le pleurer il fait ses poumons » (ce qui est absolument faux), votre réflexe est de prendre votre enfant dans les bras ? Faites-le, et sans culpabiliser s’il vous plaît (c’est sûr qu’il peut attendre quelques secondes si vous êtes sous la douche).



Et si vous êtes fatigués de ces sollicitations qui étaient inconnues avant d’être parent, c’est normal, ne culpabilisez pas.

Vous êtes un être humain qui a aussi besoin de contenance et en tant que mammifères nous ne sommes pas faits pour éduquer un enfant « seul », et je fais référence ici au groupe social. Un proverbe africain dit « il faut tout un village pour élever un enfant » et c’est vrai. Vous pouvez déléguer cette fonction de contenance au conjoint, à la crèche, à l’assistante maternelle, aux grands-parents, oncles, tantes, amis…. Qui vont être des repères, certes secondaires, mais des repères quand-même pour votre enfant.

Donc on se fait confiance, on ne culpabilise pas et on respire un grand coup !

J’espère que ces éléments vous permettront de prendre du recul sur des situations que vous avez vécues. Finalement, ce n’est pas votre enfant qui vous embête, c’est son cerveau qui a besoin de vous ! Le nuage a besoin de sa boîte !


Si toutefois vous avez besoin d’être accompagnés pour respirer, prendre du recul ou comprendre votre petit nuage, contactez-moi ! Nous pourrons échanger ensemble et trouver les solutions qui sont adaptées à vous et à votre enfant. Aucune situation n’est sans issue !

À tout bientôt!


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