Le doudou, kézako??
Vous parents, êtes souvent confrontés à ce genre de thématique (pour ne pas dire problématique, parfois). Votre enfant a jeté son dévolu sur son doudou (nainain, mouton, moumou, momo, nana…) et vous ne comprenez pas pourquoi. Votre enfant voue une admiration et un amour immenses à cet objet qui pourtant, après quelques mois ou années, a des oreilles déchirées, un œil en moins, des coutures qui se font la malle… Et quelle odeur! Vous seriez même tentés de le laver…
Oui, MAIS.
Le doudou est ce qu’on appelle dans notre vilain langage professionnel, un « objet transitionnel » car il fait la transition entre la mère et l’enfant. C’est le premier objet qu’il va posséder en dehors de sa mère.
Ça vous paraît bizarre? Eh bien pour tout vous avouer, votre enfant n’a pas la même vision du monde que vous. Jusqu’à ses 8 à 9 mois environ, il pense qu’il est maître du monde, et qu’il fait partie intégrante d’un tout avec sa mère (au sens de la personne qui lui a donné la vie ou qui s’est le plus occupée de lui). Et le tout petit bébé se focalise quasiment uniquement sur ses 5 sens, notamment l’odorat.
Donc, l’odeur de sa mère est son odeur, c’est un tout harmonique la plupart du temps.
Lorsque l’enfant a un doudou, il va l’investir par ses sens en premier lieu. Un doudou, généralement c’est doux et c’est moelleux comme… Sa maman! Oui mesdames, aux yeux de votre enfant vous représentez tout ce qu’il y a de meilleur! Chaleur, douceur, odeur douce et agréable…
Quand vous lui donnez des peluches et qu’il jette son dévolu sur l’une d’elles, il va investir sa texture, son odeur et y déposer la sienne (qui par extension est la votre, vous me suivez?).
Donc, le doudou c’est sa première possession « non-moi » et qui est pourtant lui-même. D’où les crises de larmes en cas de perte !
Ensuite, il va l’investir en le triturant, le manipulant, le frottant contre son visage, son nez, ses joues, jouer avec l’étiquette… En fait il met en place des mécanismes qui le rassurent, comme lorsque vous lui caressez tendrement le visage. Ces gestes d’auto-satisfaction sont importants car il va pouvoir les reproduire quand vous n’êtes pas là, pas disponible ou en complément de vos câlins (pour toujours plus de plaisir!).
Ainsi le doudou est sûr investi pour que l’enfant se rassure en permanence. Même quand vous êtes là, son doudou est à portée de main et ce sera peut être son premier réflexe de réassurance.
Du coup, vous voyez où je veux en venir… Ce doudou très investi a une odeur particulière et un physique particulier. Qui sont propres à ce que votre enfant veut pour lui.
Cette peluche va être rempli de fluide corporels séchés et va donc avoir une odeur désagréable pour vous, mais il a pile l’odeur que votre enfant veut qu’il ait.
Les neurosciences nous éclairent sur l’importance des hormones chez l’être humain (savez vous que votre enfant porte un intérêt particulier à vos phéromones et qu’il ira instinctivement vers des personnes qui ont un profil hormonal proche du vôtre?).
Ainsi, le doudou est finalement l’histoire de votre enfant, psychiquement, hormonalement, physiquement…
Oui, j’en ai vu les lapins dont les oreilles tenaient toutes seules tellement il y avait de bave séchée, des pandas avec le nez plus si noir, des ours avec des tâches partout…
Mais même si pour vous ou le reste du monde l’odeur est désagréable, elle est importante.
C’est pourquoi il est important voire essentiel de ne pas le laver malgré votre envie irrésistible de le jeter dans la machine à laver!
Quelle déception quand il sentira l’odeur de la lessive. Vous ne le verrez peut être pas, mais il va s’employer à continuellement (et inconsciemment) imprégner son doudou de l’odeur qu’il aura décidé pour lui.
Petite anecdote personnelle : un jour ma mère a eu le malheur de laver mon doudou, pinpin. C’est avec horreur que je l’ai vu sécher sur l’étendoir dans le jardin… Zut, il sentait la lessive. Je me suis alors empressée de le glisser sous mon tee-shirt et de jouer dans le jardin avec cette petite boule de tissu contre moi. Je vous garantis que ma mère ne l’a plus jamais lavé ! (Je vous passe le moment de pleurs auquel elle a eu droit, évidemment).
Sur ce sujet sensible de l’objet transitionnel, je voudrais aborder avec vous la présence de plusieurs doudous. Parfois les enfants en prennent plusieurs et les emmènent indifféremment partout avec eux, ou dorment avec toutes ces peluches. Ces enfants investissent toutes ces peluches évidemment, mais de façon presque imperceptible, ils en préfèrerons une. Vous ne le verrez peut être pas, pour vous il n’a pas de doudou attitré, mais pour lui si. Toutes sont très importantes, mais une seule est essentielle.
Il y a des parents qui achètent la même peluche en 3 ou 4 fois. Et ça, monsieur WINNICOTT (qui a théorisé pour la première fois « l’objet transitionnel ») ne l’a pas vue venir.
Ces parents opèrent un roulement avec les peluches ; l’enfant imprègne son odeur, il est lavé, un autre le remplace et imprègne l’odeur, il est lavé, remplacé par un autre…
Personnellement je trouve ça plutôt malin. Les doudous « en attente » sont imprégnés soit par l’odeur de l’enfant soit par l’odeur de la maison. Ou même par l’odeur de la mère quand elle le porte sur elle plusieurs jours d’affilée.
Ainsi les « remplaçants » ont l’odeur de la maison, de la mère et sont aussi capables de rassurer l’enfant. Il sait bien les différencier, mais il n’a plus qu’à imprégner son odeur et s’enivrer d’odeurs déjà connues. Et l’odeur de lessive a un peu disparu (ou totalement).
C’est une bonne solution en cas de perte de cet objet si important, si vous le craignez!
Parlons un peu de l’extérieur, et notamment de la crèche, de la nounou… lors de l’adaptation on vous a sûrement demandé (ou on vous demandera) si votre enfant a un doudou. Et là, où il a déjà choisi ou il a deux mois et demi / trois mois et il n’a pas « choisi » (le choix arrive vers 3 à 4 mois jusqu’aux 8 à 9 mois de l’enfant).
Si votre enfant ne l’a pas encore choisi, il en aura besoin pour son accueil chez la nounou ou à la crèche, pour se rassurer, pour emporter avec lui un bout de lui-même (et par extension de vous, son parent, de sa maison… En soi de son univers).
Donc, comment procéder?
Une solution toute simple, prenez une peluche, un bout de tissu (avec des coutures solides), (je vous conseille de prendre un lange si vous choisissez l’option « bout de tissu ») et portez le sur vous pendant environ 3 nuits. Vous le glissez sous votre pyjama, calé entre l’aisselle et le sein (pour que le tissu s’imprègne bien de l’odeur).
Ainsi votre enfant aura un petit bout de vous et de lui-même à emporter partout!
Parfois, votre enfant aura la merveilleuse idée de le poser un peu partout, chez le médecin, au parc, dans un magasin, chez tata …
Et boum, c’est la perte du doudou adoré!!
Dans ces cas là, on est vite décontenancé, on panique et on ne sait pas quoi faire, surtout si son « nain nain », « moumou » ou autre est réellement introuvable!
Mon petit conseil, c’est de prendre une grande respiration et expliquer à l’enfant la situation sans essayer de trouver des explications « magiques ». C’est à dire, de ne pas essayer de lui dire que « doudou est parti au pays des doudous » « il est allé rejoindre sa famille » ou autres… Votre enfant va désespérément chercher où est le pays des doudous, ou où est sa famille… Imaginez le drame et l’incompréhension la prochaine fois que vous irez au magasin de jouets et où il verra les mêmes peluches que celle qu’il a perdu…
Vous pouvez lui expliquer que parfois ça arrive de perdre des objets, mais qu’il y a toujours une solution.
Si il est en âge de parler, ou de montrer ce dont il a envie, proposez lui de trouver un nouveau doudou au magasin et éventuellement de porter le doudou sur vous « pour avoir l’odeur de maman, de papa », vous verrez si votre enfant adhère ou non!
Si l’enfant n’est pas en âge de vous exprimer ce qu’il veut, je vous propose de reprendre la même peluche dans la mesure du possible et de la porter contre vous 3 nuits (dans votre tête shirt) afin d’y déposer votre odeur (toujours le même système, mais ça fonctionne!).
Et si votre enfant n’a pas de doudou? Il arrive que certains enfants ne jettent pas leur dévolu sur un doudou, une sucette… Mais qu’ils sucent leur pouce, qu’ils aient un jouet qui les suit partout…
Il y a autant d’exemples possibles que d’enfants!
Ainsi, il y a concept que monsieur WINNICOTT (dont je vous ai parlé plus haut) qui est celui des « aires transitionnelles ». En effet, certains enfants sont simplement rassurés par leur environnement, qu’ils ont très bien intégré (à la maison, à la crèche)… Et plus particulièrement les odeurs, les formes, les ombres, les sons… Quoi de plus rassurant que de sentir une odeur familière (comme quand vous revenez chez votre grand-mère ou vos parents), d’entendre des voix rassurantes !
Donc si votre enfant n’a pas de doudou, de sucette etc… Pas de panique non plus, il a juste choisi autre chose!
Je voulais vous parler d’un dernier petit point important, la sucette ! C’est un objet qui inquiète beaucoup les parents concernant la dentition de l’enfant.
La sucette permet de rassurer l’enfant car elle réponds à son besoin de succion, qui est aussi un réflexe archaïque (c’est à dire qu’il est présent dans son cerveau dès la naissance).
Certes, les enfants la gardent pendant quelques mois voire années, et cela peut avoir des conséquences sur leur dentition.
Un petit conseil : si ils continuent c’est qu’ils ont besoin d’être rassurés et si vers 3 ans vous sentez qu’il devient important pour leur dentition d’arrêter, je vous propose de créer un « espace à tétine » à la maison.
Cet espace à tétine peut être un petit panier, un petit crochet, sous l’oreiller etc…
Vous pouvez poser à votre enfant des règles pour lui apprendre à « la poser » mais aussi à respecter certaines conventions sociales qui peuvent aussi être des règles d’hygiène.
Par exemple :
Pas de tétine dans le jardin (pour ne pas la salir)
Pas de tétine pendant les activités ( pour ne pas la salière te pouvoir parler sans obstacle)
Pas de tétine dans le bain ou pendant les temps de soin (pour éviter d’y mettre du savon (c’est pas très bon au goût) et pour pouvoir échanger avec son parent sans obstacle)
Pour les temps de soin qui ne sont pas agréables (type lavage de nez) je vous conseille quand même d’avoir la tétine dans la poche, au cas où l’enfant aurait un gros chagrin.
Et…. Pas de tétine aux toilettes (ce n’est pas très hygiénique et il y a un risque de chute dans les toilettes)
Pas de tétine à table (pour pouvoir manger il faut avoir la bouche disponible et en plus il risquerait de la salir)
Ainsi cela raccourci les possibilités d’accessibilités de la tétine, et l’enfant peut se concentrer sur ces occupations. Il comprendra petit à petit qu’il peut retrouver sa tétine adorée après et que ça lui permet d’être totalement disponible pour ses activités et les échanges avec l’adulte.
Cela peut valoir aussi pour le doudou, selon votre situation! Vous pouvez créer un « panier à doudou » par exemple!
Il faut comprendre qu’au final c’est votre enfant qui choisit l’objet (ou phénomène) qui le rassure. Vous n’avez pas besoin de vous mettre la pression, votre enfant va vous guider!
Tous les conseils que j’ai pu vous exposer sont à adapter à cotre situation, à votre réalité. J’essaie de vous exposer toutes les configurations possibles, afin que vous puissiez trouver la solution la plus adaptée pour vous et votre enfant!
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me contacter, nous pourrons en échanger!
Bonne journée!
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